Université : améliorer l'écoute des victimes de violences sexistes et sexuelles

Publié : 7 janvier 2025 à 6h00 - Modifié : 8 janvier 2025 à 17h04 Mandy Vereecken

Le 8 mars 2024, la présidente du Cnous (Centre national des œuvres universitaires et scolaires) annonçait l’ouverture, pour la rentrée suivante, de cellules d’écoute pour les victimes de violences sexistes et sexuelles (VSS) dans tous les centres régionaux.


Le Cnous de Mulhouse, bien qu'avec un léger retard par rapport au calendrier, fait partie des premiers à mettre en place une telle cellule, aux côtés de Versailles et Créteil. Ce projet a été développé en partenariat avec les associations Appui à la solidarité et la citoyenneté (ASC) à Mulhouse et Espoir à Colmar. Une première convention existait déjà entre l’ASC et le Cnous de Mulhouse, et l'inclusion de l’association de Colmar permet d’étendre ce dispositif à l'ensemble des étudiants du Haut-Rhin.


« Ce partenariat répond à une demande des étudiants », souligne Sophie Roussel, directrice générale du Crous de Strasbourg. « Ce sujet a émergé lors de la dernière campagne électorale universitaire. L’objectif est de coordonner les actions des associations pour simplifier le parcours des victimes, afin qu'elles n’aient pas à répéter leur récit à chaque étape. »


Bien qu'une cellule d’écoute soit déjà présente à l’Université de Haute-Alsace (UHA), cette nouvelle convention vise à combler certains manques. En effet, tous les étudiants ne sont pas inscrits à l'UHA, et signaler un abus à l'institution peut s'avérer difficile, surtout si la violence provient de cette même institution. L'externalisation du soutien juridique et psychologique des victimes devrait renforcer la confiance, d'autant plus que les interlocuteurs des associations sont tenus au secret professionnel.


L'autre aspect important de cette convention est la prise en compte de tous les espaces de vie étudiant, comme les résidences et les restaurants universitaires, ainsi que les événements où le Cnous est impliqué. Les violences peuvent se produire dans n’importe quel cadre, et il est essentiel d'ouvrir des cellules d’écoute en dehors du campus. À Mulhouse, cela revêt une importance particulière, car, contrairement à Strasbourg, il n’y a pas de relais étudiants intégrés dans les résidences.


Enfin, un volet préventif est inclus dans la convention, avec la mise en place d’actions de sensibilisation à destination des étudiants.


Bien qu'il soit difficile d’estimer précisément les besoins pour le moment, un budget initial de 3 500 € est alloué pour financer les dix premières prises en charge. Ce montant provient de la CVEC, la Contribution à la vie étudiante et de campus, payée par les étudiants non boursiers. Les élus étudiants au conseil d'administration du Crous ont été consultés sur cette question, mais insistent sur le fait que ce financement ne doit pas devenir permanent.


Dans l’ensemble, les élus étudiants saluent cette initiative, tout en restant prudents quant à sa mise en œuvre. « Nous attendons de voir le protocole final pour être totalement rassurés », indique Manon Denizot, présidente du syndicat étudiant CSTE. « Nous voulons nous assurer que les signalements ne se perdent pas dans le vide et que ce n'est pas juste une mesure symbolique. »


Le Crous est conscient de l'importance de former ses agents pour assurer une prise en charge de qualité des victimes, et prévoit également de revoir certains règlements intérieurs. Le défi reste à faire connaître ce dispositif auprès de tous les étudiants.