Le hamster d'Alsace connaît un retour progressif depuis dix ans, après avoir longtemps été perçu comme une espèce nuisible

Bonne nouvelle : la population de grands hamsters d'Alsace connaît une augmentation. En 2024, 1155 terriers ont été observés, soit une hausse de 43% par rapport à l'année précédente. Ce chiffre a également été multiplié par cinq depuis 2012, selon l'Office français de la biodiversité (OFB).

Cependant, cette progression reste insuffisante pour garantir la pérennité de l'espèce, qui est protégée en France depuis 1993 et fait l'objet d'un plan d'action depuis 2012. Les experts estiment qu'il faudrait atteindre 4500 individus pour assurer la survie de l'espèce en Alsace. Or, le grand hamster est classé en danger critique d'extinction depuis 2019 par l'UICN.

"Il y a des raisons d'être optimistes", déclare Aymeric Hoyois, responsable de la conservation au Naturoparc d'Hunawihr (Haut-Rhin). "Cela prend beaucoup de temps car nous avons affaire à une espèce proie, et elle fait face à de nombreux prédateurs." En effet, le hamster est principalement chassé par les renards et les buses. Le Naturoparc participe activement à sa réintroduction depuis 2019, en élevant des individus et en procédant à des lâchers. En 2025, 428 hamsters seront relâchés en deux phases, à la mi-mai et à la mi-juin, dans les secteurs de Strasbourg, Obernai et Stutzheim-Offenheim (Bas-Rhin). "C'est la période la plus favorable pour leur réintroduction", précise Aymeric Hoyois, tout en reconnaissant que des ajustements sont nécessaires. "Parfois, certaines méthodes de relâcher ne fonctionnent pas, et nous devons constamment améliorer nos pratiques pour mieux protéger les hamsters."

Les actions pour protéger cette espèce incluent des partenariats avec les agriculteurs, qui cultivent des terres propices au hamster. En 2024, 240 agriculteurs participent à ces efforts. "Il est parfois difficile de trouver des partenaires, car le hamster a longtemps été vu comme nuisible", rappelle Aymeric Hoyois. "Il faut changer cette perception, et cela passe par un travail de sensibilisation."

La sensibilisation à la conservation de la faune et de la flore est au cœur des activités du Naturoparc depuis sa fondation en 1976. Initialement appelé "Parc des cigognes", il a joué un rôle majeur dans le repeuplement de cette espèce emblématique d'Alsace, presque disparue dans les années 1970. Bien que le programme de repeuplement de la cigogne ait pris fin en 2016, le parc a élargi ses missions.

Les visiteurs du parc, rencontrés lors de l'ouverture de la saison 2025 le 23 mars, saluent cet engagement. "Il est important d'éduquer les enfants dès leur plus jeune âge", affirme une mère. "Il est essentiel qu'ils connaissent les animaux de notre région, pas seulement ceux qui viennent de loin." Une autre mère de famille partage cet avis : "Il est crucial de leur faire découvrir les animaux qu'ils peuvent rencontrer au quotidien et de leur expliquer pourquoi il faut les protéger."

L'objectif de l'Office français de la biodiversité est de recenser 1500 hamsters d'ici 2028 en Alsace.