Affaire Anaïs Marcelli : 34 ans après sa disparition, la cellule cold case se mobilise sur le terrain
Publié : 11 janvier 2025 à 6h00 - Modifié : 13 janvier 2025 à 11h11 Mandy Vereecken
Depuis sa création en mars 2022, le pôle judiciaire national chargé des affaires non résolues (cold cases) s’occupe de 241 dossiers. Parmi eux figure celui de la disparition d’Anaïs Marcelli, classé sous le numéro d’instruction III 91/2, ouvert contre X pour enlèvement d’enfant et homicide volontaire. Ce dossier, instruit initialement par le juge Germain Sengelin au tribunal judiciaire de Mulhouse, a été transféré en juillet 2022 à la nouvelle juridiction nationale spécialisée, sur décision du parquet et en accord avec la juge en charge à l’époque. Après 31 ans d’impasse, cette démarche visait à apporter un nouveau souffle à l’enquête.
Anaïs Marcelli, âgée de 10 ans, avait disparu en rentrant de son école du Nordfeld à Mulhouse. Malgré des recherches intensives, son corps n’avait été découvert que trois mois plus tard, le 21 avril 1991, au col de Bussang. La fillette, probablement décédée depuis longtemps, avait été retrouvée sous un amas de pierres. L’autopsie avait conclu à une probable strangulation manuelle, sans violences sexuelles.
Dirigée par Germain Sengelin, connu pour ses méthodes avant-gardistes, l’enquête s’était initialement concentrée sur le cercle familial, notamment sur le grand-père d’Anaïs. Les enquêteurs avaient relevé des incohérences dans son emploi du temps ainsi que des antécédents troublants. Bien que placé en garde à vue, il n’avait jamais été mis en examen. Le non-lieu de 1997 avait marqué un coup d’arrêt à cette piste.
D’autres suspects avaient également été envisagés, dont des criminels notoires tels que Francis Heaulme, Michel Fourniret, ou encore Michel Stockx, un pédophile belge. Toutefois, aucune piste n’avait abouti. En 2015, l’enquête avait été rouverte grâce aux efforts constants de Me Thierry Moser, avocat du père d’Anaïs, pour maintenir l’affaire en dehors de la prescription. Les derniers juges en charge, Christophe Spery et Adeline Midez, avaient poursuivi les expertises génétiques et même interrogé le grand-père en maison de retraite avant son décès en décembre 2022.
Avec la relance des investigations par le pôle cold cases, les scellés pourront être réexaminés, les scènes de crime réétudiées, et les éléments d’enquête passés au crible grâce à des technologies modernes. En juillet dernier, la nouvelle juge d’instruction s’est rendue sur les lieux clés de l’affaire à Mulhouse et au col de Bussang pour une inspection approfondie. La famille d’Anaïs a également été reçue, marquant un pas important dans ce nouvel élan pour résoudre une affaire qui hante encore les mémoires.