Le secteur des fruits et légumes en Alsace traverse une période difficile

Publié : 29 mars 2025 à 6h00 - Modifié : 31 mars 2025 à 13h52
Mandy Vereecken

Fruits et légumes

La filière alsacienne des fruits et légumes fait face à de nombreuses difficultés, suscitant l’inquiétude de ses acteurs. "De nombreux signaux d’alerte nous poussent à réagir aujourd’hui", souligne Pierre Barth, président de l’interprofession. Il met en avant plusieurs défis majeurs rencontrés par les producteurs.

Parmi ces obstacles, l’inflation occupe une place centrale, affectant le coût de production, la main-d’œuvre, l’énergie et les charges globales, y compris l’investissement dans du matériel. Malgré une légère hausse des prix de vente, la rentabilité reste en baisse.

D’autres facteurs aggravent la situation : les aléas climatiques, une baisse inédite de la consommation de fruits et légumes depuis deux ans, une perte de souveraineté nationale de 16 points en une décennie et les difficultés spécifiques au secteur biologique. À cela s’ajoute le recul des ventes à la ferme, dont la fréquentation est revenue à son niveau de 2018. "Cela représente un cumul de difficultés considérable pour des exploitations de petite taille comme les nôtres", déplore Pierre Barth.

L’inquiétude s’est intensifiée lorsque la plus grande exploitation de fruits et légumes de l’Est, Id3A, a cessé son activité de maraîchage à Balgau (Haut-Rhin) pour des raisons de rentabilité. Cet événement a confirmé l’urgence d’une mobilisation du secteur.

Face à ces défis, Fruits et Légumes d’Alsace a identifié un paradoxe : les consommateurs alsaciens sont généralement attachés aux produits locaux, mais ces derniers manquent de visibilité en magasin. "Nous avons constaté que les fruits et légumes d’Alsace sont de moins en moins présents dans les rayons", explique Pierre Barth.

La filière demande donc aux distributeurs de mieux valoriser les productions locales grâce à des emballages et des affichages spécifiques. L’objectif est de permettre aux consommateurs de mieux repérer ces produits et de pouvoir faire un choix éclairé.

Depuis plusieurs mois, des discussions ont été engagées avec les distributeurs pour améliorer la mise en avant des produits régionaux. Un séminaire réunissant les différents acteurs a été organisé en janvier et une charte est en cours d’élaboration avec les producteurs et les commerçants.

Un exemple concret de cette coopération est la mise en avant de la pomme Natti, une variété locale créée en 2017 par une douzaine de producteurs alsaciens. Cette année, les stocks sont trop importants par rapport aux ventes réalisées. "Nous avons donc sollicité les distributeurs et les grossistes pour trouver une solution", précise Pierre Barth. Ainsi, durant tout le mois d’avril, des promotions seront mises en place pour écouler ces stocks. "Tout le monde joue le jeu", se félicite-t-il.

Malgré ces défis, un élément encourageant demeure : l’intérêt des Alsaciens pour les produits locaux. Des tests en magasin ont montré que, à prix égal, 70 % des consommateurs préfèrent acheter des produits alsaciens plutôt que des produits d’origine nationale. Reste à voir si cette tendance se maintiendrait avec un écart de prix en faveur des produits locaux.

Convaincu que la visibilité est la clé du succès, Pierre Barth encourage également les consommateurs à exprimer leur demande en magasin. "Si plusieurs clients réclament des fruits et légumes alsaciens, cela incitera les commerçants à y prêter davantage attention", affirme-t-il.