Ils n'ont pas de logement stable, mais ils occupent un emploi
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La Manne emploi a décidé de mettre en œuvre le programme « Premières heures en chantier » (PHC), lancé par la fédération nationale Convergence France. Pour ce projet, l'association a recruté Renaud Maadi, éducateur socioprofessionnel.
« L'objectif est d'entrer en contact avec des personnes en hébergement d'urgence ou vivant dans des squats pour discuter avec elles et leur proposer des opportunités de travail au sein des structures que nous avons créées », précise Frédéric Durrwell, directeur de la Manne Emploi. Il insiste sur le fait que ces postes sont avant tout occupationnels. « L'idée n'est pas d’atteindre des objectifs de rendement, mais de favoriser un retour à l’emploi avec un véritable contrat de travail. Ils sont rémunérés et cotisent. »
L'association recrute ses bénéficiaires par le biais d’organismes d’insertion tels qu’Espoir, Aléos, Appuis, Adoma, ainsi que du centre communal d’action sociale de la Ville de Colmar. « Le partenariat repose sur un travail commun avec les structures qui accompagnent ces personnes. »
La Manne emploi propose déjà des parcours d’insertion. « Chez nous, les personnes commencent par travailler vingt heures par semaine. Pour certains, cela représente une difficulté, notamment à cause de problèmes de santé ou d’addiction. Nous les aidons à surmonter ces obstacles et à trouver un emploi qui leur corresponde », explique Frédéric Durrwell.
Le processus d’insertion se fait progressivement. Au début, les bénéficiaires doivent travailler quatre heures par semaine dans le cadre d’un chantier d’insertion, avec une augmentation possible de leurs horaires en fonction de leur capacité d’adaptation, atteignant jusqu’à vingt heures par semaine. « Nous prévoyons un suivi de douze mois pour les aider à progresser. »
Des ateliers sont organisés, notamment sur le droit des femmes au travail, les addictions, le projet Vert l’emploi, ainsi que des activités comme une marche d’orientation en équipe ou une initiation au numérique, selon Nathalie Smoczynski, conseillère en insertion.
Consciente des difficultés liées à l’absence de logement, l’association aide également ses bénéficiaires dans la recherche d'un logement décent et veille à la mise à jour de leurs documents administratifs.
Carlos, 53 ans, suit ce programme depuis juillet 2024. « J’ai commencé par 4 heures par semaine, et maintenant j’en fais 16. » Ancien pâtissier, il a connu des hauts et des bas, passant par des expériences difficiles, dont un coma de six mois suite à un accident. Aujourd’hui, il est motivé à rebondir. « Pour le travail, je suis toujours partant ! » dit-il.
Laura, 36 ans, enceinte, raconte son parcours compliqué : après des années d’abus, elle a été engagée en commerce mais a eu du mal à s’adapter. « Être ici me permet d’avancer dans ma vie », confie-t-elle, ayant récemment trouvé un logement plus stable.
Vincent, 42 ans, qui a passé cinq ans à la rue, apprécie le changement que lui procure ce programme. Alicia, 18 ans, manque de confiance en elle malgré son CAP en restauration, et Adrien, titulaire du bac, souhaite s’orienter vers le sport. Michael, quant à lui, se réjouit de reprendre une routine.
Tous reconnaissent les bienfaits de la formation. Bien que des règles comme l’obligation d’assiduité soient en place, les participants valorisent le soutien mutuel et l’esprit de solidarité. Comme le dit Carlos, « on s’encourage les uns les autres pour ne pas lâcher. » Peu à peu, ces individus, souvent marqués par la vie, retrouvent confiance en eux, un atout essentiel pour leur réinsertion professionnelle et sociale.